La marchandisation de nos traces numériques

Mais pourquoi collectionner nos données personnelles?

Élémentaire mon cher Waston : bienvenue dans le monde du traking et de la publicité ciblée ! Celle-ci se nourrit de vos centres d’intérêts détectés au gré des pages visitées, permettant aux annonceurs publicitaires de vous avoir dans le viseur.
Grâce à des outils nommés cookies, les sites, les forums, et les moteurs de recherche tel que Google, ou même Facebook accumulent chaque jour des milliards de données concernant des millions d’internautes. Sites visités, mots clefs recherchés, heures d’accès au Web mais aussi informations personnelles, photos, chat, e-mails… tous les clics ou presque sont enregistrés. Avec la généralisation des smartphones, la géolocalisation permet même de savoir ou vous vous trouvez instantanément. De ce fait, les régies publicitaires se servent de ces informations personnelles pour mieux vous bombarder de messages publicitaires.

  • Que deviennent les données aspirées par les outils de ciblage publicitaire ?tumblr_lxpqo2ijur1rn24ayo2_r2_250

Elles sont associées à un identifiant correspondant à l’ordinateur, enrichies à chaque fois par les cliques. Soit elles ne sont destinées qu’au site consulté, soit elles ont été recueillies par la régie publicitaire qui insère des publicités sur ce site mais qui est  distincte de l’éditeur du site, soit elles ont été déduites des recherches de l’internaute sur un moteur de recherche.
Chacun d’entre eux utilisent ces informations, afin de proposer des offres identiques ou connexes à celles que les internautes ont consultées.
Tout comme Google, les réseaux sociaux possèdent leur propre système de placement publicitaire qui permet de cibler les membres du réseau. Grâce à cela les annonceurs peuvent élaborer des stratégies de diffusion bien précise (lieu de résidence, genre, âge, préférence politique, situation familiale…). L’annonceur aura juste à cocher des cases.

Les fournisseurs de publicité ou de contenu sont tentés de monétiser une partie des informations qu’ils détiennent sur les internautes auprès des annonceurs. L’annonceur peut déjà faire une sélection de ses clients (en fonction de l’âge, localisation, revenus estimés, etc.), ce qui finalement revient à une tarification « à la tête du client ». Ce partenariat entre fournisseur de contenu et annonceur engendre des risques importants pour les libertés, notamment dans les domaines tels que : le Crédit d’assurance (estimation de solvabilité ou de la santé du demandeur à son insu), les sites de recrutement (sélection des personnes en fonction de leurs orientations sexuelles, leurs opinions politiques…), les prix (modulation de prix en fonction du profil de l’internaute.)

  • Aucun contrôle sur la transmission des données personnelles.

Lorsqu’un internaute clique sur une publicité affichée par un fournisseur de publicité, aucune barrière numérique n’empêche le fournisseur de publicité de transférer des informations sur l’internaute à l’annonceur (sexe, âge, dernières pages visitées, mots clés…). Il est plus exposé au vol d’informations dites sensibles (données de santé, n° de carte bancaire, téléphone…). En cas de faille grave dans les systèmes informatiques stockant ces données, c’est une mine d’informations qui pourrait s’offrir à un tiers mal intentionné.
La richesse des bases de données numériques est gigantesque, et les concurrents ne reculent devant rien pour les obtenir, faisant du tracking des internautes un sport national.

Il y a fort à parier que ce modèle publicitaire va devenir encore plus pointu. Imaginez que des publicités vidéo s’adressent à vous par votre prénom et mémorisent vos achats effectués pour vous dire ce qu’il vous manque. Ainsi on pourrait imaginer une publicité pour Zalando : « Clarisse, votre pantalon beige récemment acheter en ligne sur Zara, manque d’un belle paire de chaussure assortie, que cela ne tienne profitez de nos dernières soldes pour trouver chaussure à votre pied ! »

  • Sommes-nous enclins à vaciller sous les tentations de la publicité ciblée?

Passé un certain stade de précision, cette technique deviendrait contre-productive : 77% des personnes ne souhaitent pas recevoir de publicité ciblée et rejettent le principe de géolocalisation. Cette façon de stocker leurs informations privées dérange et effraie les internautes et mobinautes.
Dans un article de Wired, le journaliste Felix Salmon s’interroge sur les limites du ciblage comportemental sur Internet. Il fait remarquer que la justesse du ciblage suscite la répulsion plus que l’intérêt de l’internaute. « Le ciblage internet devient tellement précis qu’il fait nous fait plus flipper qu’autre chose. »
Il est néanmoins possible de sortir de cette contre-productivité en accentuant la logique du ciblage, afin qu’il soit accepté par l’utilisateur ( par exemple par opt-in, comme l’Instant de Personalization de Facebook), ou que le ciblage s’efface derrière les produits et contenus qu’il fait remonter. Cette publicité ciblée doit devenir aussi utile à l’internaute  qu’au marketeur.
Cette forme de profilage est devenue indispensable à la survie d’un modèle économique, qui a la gratuité comme principe et la publicité comme outil. Mais doit-on payer la gratuité au prix fort, avec la perte de protection des données personnelles ? D’autant plus que les internautes semblent aujourd’hui plus occupés à se rendre visibles sur les réseaux sociaux qu’à rester anonymes : un changement de comportement qui modifie le rapport du consommateur à la marque.

Source : http://owni.fr/2011/05/23/la-pub-ciblee-fait-flipper-linternaute/

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